Français

Intervention d’urgence

Les Gnomes sont par la force des choses devenus des voyageurs en herbe professionnels (Gnome numéro 1 se fera un plaisir de comparer différentes compagnies aériennes et vous faire part de ses préférences personnelles). Afin que l’homme et moi ne trouvions pas le fait de se déplacer avec eux trop ennuyeux, ils s’efforcent cependant de pimenter nos escapades d’assaisonnements de leur cru.

Cet après-midi Gnome numéro 2 a donc joyeusement appuyé sur le bouton d’urgence de l’escalier roulant reliant 2 étages de l’aéroport, le stoppant immédiatement. Pendant que les passagers, un brin étonnés et encombrés de leurs divers « carry-ons» et bagages, commençaient à regarder autour d’eux, l’Homme et moi avons courageusement décidé de nous éclipser dans la plus grande discrétion.

Alors que les gens commençaient à descendre les escaliers en portant plus ou moins péniblement à la main leurs bagages, Gnome numéro 1 crut bon d’intervenir, d’une voix de ténor « Mon frère a appuyé sur le bouton d’urgence, désolé ! ».

Nombre de regards courroucés à l’attention des parents des Gnomes : 27.

Il est temps de quitter le pays.

 

Lost in translation

Nous vivons en anglais, mais le Canada étant un pays bilingue, la plupart des informations sont également disponibles en français. Ceci s’applique également aux étiquettes de produits alimentaires, à la grande satisfaction de Gnome Numéro 1 qui accède ainsi à la joie de consommer 2x plus de contenu, et ce quel que soit l’emballage.

Les Gnomes parlant frenglish la plupart du temps lorsqu’ils s’expriment dans la langue de Molière, les traductions que l’Homme et moi jugeons un tant soit peu originales pour nos oreilles européennes ne les font pas sourciller.

Qui veut des bleuets à la crème sure (myrtilles à la crème aigre, pour les non-initiés)?

 

Morts de rire

Halloween approche à grands pas, les décorations de squelettes, citrouilles et sorcières se multiplient en ville, et les Gnomes trépignent d’impatience: se déguiser, jouer à se faire (un peu) peur, et récolter des kilos de bonbons est bizarrement un concept qui les a rapidement convaincus.

Halloween signL’année dernière nous nous sommes tous beaucoup amusés (malgré une météo apocalyptique, merci à Dame Nature), et nous avons passé les semaines suivantes à nous demander si nous devions ouvrir un magasin de bonbons.

De plus, la plupart des enfants qui se sont présentés chez nous se sont révélés polis et souriants.

Les quelques exceptions qui n’ont pris la peine de dire ni bonsoir, ni merci, ni “Trick or treat” (le minimum syndical, selon nous) se sont fait remettre à l’ordre de manière plutôt sèche.

Ils ont rencontré au moins une véritable sorcière, ce soir-là.

 

Jeux d’enfant

Gnome numéro 1, passionné de physique et chimie, et convaincu de son omniscience, se lance dans des expériences scientifiques de plus en plus osées qui contribuent à ajouter quelques cheveux gris sur les têtes de ses parents, et potentiellement quelques nuages dans leurs relations avec leur compagnie d’assurance.

Etant parvenu à dérober de l’aluminium dans la cuisine, il s’en est servi pour tenter de créer un circuit électrique en utilisant des piles (prises dans la télécommande d’une voiture, car franchement, jouer de manière traditionnelle est totalement has been).

Image credit todaysparent.com
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C’est alors qu’il s’apprêtait à y ajouter des aimants, ainsi que quelques ingrédients de son cru (probablement de la bave de raton-laveur ou des déchets nucléaires trouvés sur la rue) qu’il s’est fait stopper en plein élan par sa cruelle mère qui souhaitait qu’il se brosse les dents.

Gnome numéro 1, totalement indigné: “Papaaaa! Je veux construire un électro-aimant mais maman ne me laisse paaaaaaaas!”

Je me demande encore si c’est une conversation standard à avoir avec un rase-mottes de 6 ans un dimanche matin.

Stratégie de pointe

La Suisse rend la vie des ses habitants et visiteurs aisée lorsqu’il s’agit de rapporter des souvenirs typiques. Que le 1er qui n’aime pas recevoir du chocolat lève la main. Les couteaux suisses ou les montres peuvent également prendre le relais s’il existe effectivement des gens qui n’aiment pas le chocolat (je n’y crois pas).

Les Gnomes tenant absolument à manger chaque jour, nous avons rapidement éliminé les montres de luxe de la liste, mais nous avons ramené quelques couteaux.

Les armes potentielles n’étant pas très populaires de nos jours dans les aéroports, je les ai consciencieusement cachés dans la valise des Gnomes. Dans la poche de leurs shorts, pour être précise.

Ce n’est qu’après les avoir envoyés à l’école vêtus de la 1ère chose qui m’est tombée sous la main (leurs shorts, évidemment) que je me suis souvenue avoir dissimulé des objets non conventionnels dans leurs poches.

Rien de tel que les pensées successives de Gnome numéro 1 se lançant dans une expérience inédite impliquant un câble électrique ou la main d’un camarade, suivie de celle de Gnome numéro 2 testant son habileté à la Guillaume Tell pour se tenir éveillé en cas de décalage horaire.

La bonne nouvelle est que les services de protection de l’enfance ont déjà notre numéro.

Image credit http://kintlalake.blogspot.ca/
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Rainbow Warrior

L’hibernation n’ayant lieu qu’en hiver, nous avons maintenant quelques amis à Toronto. Nos voisines nous ont donc demandé si nous pouvions nourrir leurs animaux, un chat et un poisson pas rouge, pendant leur absence. La mission était relativement simple, et la seule condition qu’un animal ne serve pas de repas à l’autre. Malgré l’imagination des Gnomes quand il s’agit de commettre une bêtise, je ne voyais pas ce qu’ils pourraient inventer qui mettrait en péril la vie des compagnons de leur ami.

Il ne faut jamais sous-estimer ses enfants.

Gnome numéro 2, rapide comme l’éclair, est parvenu à a) voler du sel sur une coupelle posée sur la table de la cuisine b) parvenir dans la chambre de son copain avant Gnome numéro 1 et moi-même c) épicer l’eau et la vie de Rainbow, le poisson pas rouge, d’une poignée de sel.

Semi-panique de maman, qui se demande, dans le désordre, quelle quantité de sodium a été jetée dans l’aquarium, si Rainbow est un poisson d’eau douce, quel est l’attachement de la famille à son poisson (s’attache-t-on à un poisson?), que vaut ce poisson sur le marché (devrons-nous nous séparer de la voiture pour en racheter un?), et où peut-on vendre ses enfants discrètement au Canada?

Rainbow, poisson d’eau douce, a survécu, Gnome numéro 2 (qui, en véritable idéologue, a refusé d’expliquer son geste) a été menacé de devoir donner son doudou à son ami pour le consoler en cas de décès piscicole, et nos amies nous parlent toujours.

Maman a 3 cheveux gris de plus.

Les papas sont des mamans qui se lèvent la nuit

Vivre à Toronto, c’est aussi apprécier la tolérance qui y règne. Les familles recomposées, multiraciales et gay (certaines parviennent à réunir les 3 critères) ne suscitent aucune réaction particulière, et les Gnomes restent complètement blasés devant ces variantes de la norme.

Ils connaissent cependant leurs classiques et demandaient dernièrement d’où vient la graine lorsque un enfant a 2 mamans (Gnome numéro 1, emmené par sa logique implacable, commençait probablement à penser que nous lui avions caché des informations).

Nous avons confirmé qu’il y a bien un donneur de graine, mais que cela ne fait pas de lui un papa.

En résumé, l’Homme et moi-même nous sommes donc lancés dans une émouvante explication sur la primauté de l’amour sur la biologie.

L’Homme : «  Tu vois, un papa, c’est quelqu’un qui se lève la nuit pour ses enfants, contrairement à…. »

Gnome numéro 2 : « Une maman ! »

La prochaine fois qu’il est malade je lui conseille d’appeler papa, maman sera au spa.

Image credit sheknows.com
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Les enfants ne sont pas de animaux de compagnie

Gnome numéro 1 pense qu’il peut expliquer aux adultes comment gouverner le monde, et n’hésite jamais à aborder l’un d’entre eux afin d’exposer ses vues de manière détaillée. La semaine dernière s’est révélée particulièrement divertissante: il a en effet décidé d’expliquer à une dame tenant ses deux rejetons “en laisse” que les enfants ne sont pas des animaux de compagnie. Bizarrement, elle ne semblait pas partager sa vision de l’éducation et la conversation ne s’est pas poursuivie très longtemps.

Image credit The Globe and Mail
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Plus tard à l’aéroport (oui, je suis assez inconsciente pour avoir décidé de voyager seule avec eux à nouveau), c’est vers un monsieur clairement en surpoids qu’il s’est dirigé, afin de lui demander s’il consomme assez de fruits et légumes. Il m’a semble nécessaire d’escamoter le Gnome avant que les choses ne tournent au vinaigre (sans salade). Est-ce que ces laisses peuvent être livrées avec une muselière?

  Chasse au trésor

Certaines choses sont similaires des deux côtés de l’Atlantique, telle que la quête frénétique et désespérée dans laquelle les parents s’embarquent quand ils ont besoin d’une baby-sitter. Oui, boire un verre de champagne avec mes amies pendant que l’Homme essaie de ne tuer personne à l’hôpital pendant sa nuit de garde relève d’un besoin– cela me retient d’envoyer les Gnomes au Kazakhstan pour une dizaine d’années (hé, hé… il faut un moment pour rentrer, à pieds). Et parfois l’Homme et moi-même tentons aussi de sortir ensemble afin d’avoir une conversation normale d’adultes, sur des sujets aussi excitants que les impôts, les courses alimentaires ou la dernière gastro-entérite de Gnome numéro 2 (qui s’est déclarée une veille de vacances, à l’orée d’un vol de 5 heures…appelez-nous Plastic Family…même Doudou est sorti couvert). Partie 1: La Chasse Après avoir écumé les petites annonces, interrogé nos voisins et amis, publié une annonce nous-mêmes, récité une prière, échangé quelques courriers électroniques avec les rares élues, une entrevue est finalement organisée avec les quelques survivantes (la moitié des candidates disparaissant pendant le processus). Partie 2: L’Interview Là encore, quelques candidates manquent à l’appel, et ce pour différentes raisons.

  • quelques- unes n’arrivent tout simplement jamais à destination (un jour il faudra quand même que je me décide à appeler le 144 au sujet de ces jeunes femmes qui nous confirment un rendez-vous dans l’heure qui suit, puis s’évanouissent dans la nature, ne répondant ni à nos sms, ni à nos appels téléphoniques)
  • d’autres nous appellent 30 minutes après l’heure fixée pour la rencontre, afin de nous demander quel bus prendre pour se rendre chez nous (cette magnifique démonstration de votre ponctualité nous convainc complètement, Mademoiselle, et nous serons tout à fait à l’aise de savoir que vous irez chercher les Gnomes à l’école. Rappelez-moi simplement de mettre quelques cigarettes dans leurs sacs, afin qu’ils puissent en fumer une en vous attendant).

Quelques-unes réussissent le test et sont engagées (les parents peuvent être assez désespérés parfois), mais beaucoup ne sont pas revenues en 2ème semaine. S’il vous plaît, arrivez à l’heure, ne laissez pas de couches sales sur le comptoir de la cuisine (beurk!), écoutez mes instructions afin que notre bébé d’un an ne dorme pas avec sa fenêtre grande ouverte s’il fait -12C (contente d’avoir vérifié), comprenez que les enfants mangent autre chose que des pâtes, ne nous laissez pas VOTRE vaisselle à laver à notre retour, ne nous faites pas le coup de la migraine soudaine 15 minutes avant de venir chez nous, ne nous demandez pas de vous payer pour les heures non travaillées car vous ne parvenez pas à trouver un 2ème emploi à cause de vos horaires, et peut-être que nous vous rappellerons. Merci d’avoir joué avec nous.

 

Image credit Quickmeme.com
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Stupeur et tremblements

Gnome numéro 1 (6 ans et plus vraiment toutes ses dents) souffre parfois de terreurs le soir et nous rappelle une ou deux fois avant de s’endormir, afin que nous lui réitérions que les ombres attaquent rarement les enfants sages. Après une chasse aux monstres et aux sorcières sous son lit ou dans tout autre endroit qui l’inspire sur le moment, il se calme et s’endort relativement facilement. Il sait de plus lire, ce qui fait que l’Homme et moi devons parfois le sermonner car la lumière de sa chambre reste allumée plus longtemps qu’il ne le faudrait pour assurer son état de repos du lendemain, et donc l’harmonie familiale. Récemment, l’Homme m’indiqua que le Gnome, affirmant ne pas parvenir à rejoindre le pays des songes, avait eu l’autorisation de lire un peu. Une heure plus tard il nous appelait « J’ai peur ! ». Mue par un instinct maternel sans faille (et surtout par la crainte que Gnome numéro 2 ne se réveille aussi), je me rendis rapidement auprès du Gnome terrorisé. Gnome numéro 1 : « J’ai peur des choses que j’ai lues dans mon livre ! » Maman : « Mais non, voyons, les livres pour enfants se terminent bien ! ». Gnome numéro 1 : « Mais là ça fait vraiment peur ! Je n’arrive pas à dormir car je pense à ça tout le temps ! ». Nous louons une maison meublée, avec jouets et livres d’enfants en prime. Les propriétaires de la maison étant relativement ambitieux dans leurs achats, la bibliothèque de la chambre des Gnomes contient quasiment tous les classiques de la littérature enfantine anglophone, et aucun des ouvrages n’a jamais fait sourciller l’un de nos rejetons. Prise d’un doute, je demandais au Gnome de me certifier qu’il avait bien trouvé le livre dans sa chambre, ce qu’il confirma. Je tentais donc de le rassurer et lui souhaiter une bonne nuit. « Mais non, maman, j’ai trop peur ! ». «  Tu as peur de quoi, exactement, dans ce livre ? ». « De tout ! ». « Bon, ça suffit, là je ne te crois plus, tu ne peux pas avoir peur de tout dans un livre. Tu utilises cette excuse pour ne pas dormir, c’est ça ? ». C’est à ce moment que le Gnome au bord des larmes sortit le livre, caché sous son oreiller:

Les 100 animaux les plus meurtriers de la planète
Les 100 animaux les plus meurtriers de la planète

Note numéro 32 : rappeler à l’Homme de vérifier toute lecture du soir avant de l’autoriser.

Drame familial (ou comment faire ses courses avec deux enfants)

Le printemps est finalement arrivé, les oiseaux chantent et les écureuils osent sortir sans risquer de glisser sur le verglas (cela s’applique également aux êtres humains). Nous avons survécu à deux hivers canadiens assez rigoureux, et il est aujourd’hui facile de rire de certaines situations difficiles à vivre sur le moment. Janvier 2014 : nous avons une maison meublée, mais quasiment rien à manger. Il est temps de faire quelques courses.

Image credit lilliputplayhomes.com
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Température extérieure : -20°C État de fatigue des Gnomes (2.5 et 4.5 ans à l’époque), qui souffraient encore du décalage horaire : 10 sur 10 Temps de marche estimé pour atteindre le supermarché : 10 minutes Poids estimé de mon sac à dos après les courses : 10-12 kg N’ayant ni baby-sitter, ni voiture, il m’a semblé tout à fait raisonnable de marcher quelques minutes par des températures polaires avec des petits monstres épuisés, afin de me livrer à une activité que les enfants en bas âge exècrent (c’est seulement plus tard je me suis souvenue que je suis blonde). Donc… Habillons-nous! Aucun problème, nous avons l’habitude, et de plus nous marchons beaucoup à la maison. Sans compter que nous sommes très bien équipés contre le froid.

1ère minute à l’extérieur Gnome numéro 1: J’ai froid. Gnome numéro 2: Moi aussi. Je veux rentrer. Maman: Non, nous devons remplir le frigo. Ça ne prendra que peu de temps et le magasin n’est pas loin. Marchons vite, ça nous réchauffera. Minute 2 Gnome numéro 1:Je ne peux pas marcher vite, j’ai trop d’habits sur moi! C’est de ta faute, je ne peux PAS bouger. Gnome numéro 2: Moi non plus! Je veux reeeeeeentrer ! Maman (calmement): Les couches d’habits vous tiennent chaud. Allons-y. Minute 3 Gnome numéro 1: Je suis fatigué, c’est trop loin. On arrive bientôt ? Gnome numéro 2: Je veux reeeeeeentrer ! Il fait trop froid! Maman (encore calme): Nous y sommes presque. Minutes 4-12: moments intéressants pendant lesquels les Gnomes se plaignent, refusent de marcher, et où maman les menace finalement d’une vente sur internet.

Minute 13: Nous y sommes! Les Gnomes enlèvent immédiatement leurs écharpes, vestes, bonnets et gants (pas nécessairement dans cet ordre) et les lancent artistiquement sur le sol détrempé. Maman passe 5 minutes à tout récupérer, les Gnomes étant capables de courir tout en se déshabillant quand l’envie leur prend. Minute 18: Prenons un chariot. Ha, ils sont à l’extérieur. Maman: Attendez-moi ici une minute. Je prends un chariot dehors. Gnome numéro 2: Je veux venir avec toi! Maman: Non, tu ne peux pas, tu ne portes qu’un pull maintenant et il fait très froid dehors. Ça ne prendra que quelques secondes et tu me verras à travers la porte vitrée, d’accord ? Gnome numéro 2 (en pleurant): Nooon…Je veux venir avec toi. Maman (maîtrisant ses nerfs): OK, prenons un panier. Minute 19: Chacun des deux Gnomes souhaite porter ledit panier. Minutes 20-22: Les Gnomes commencent à se battre, en criant dans le magasin. Le chef des ventes pense à appeler les services sociaux, puis se souvient que ce serait de la mauvaise publicité. Minute 23: Chacun des Gnomes porte son propre panier. Maman sent deux nouveaux cheveux gris qui poussent. Minutes 24-38 Gnome numéro 1: Maman, pourquoi est-ce que ça prend autant de temps? Maman: Parce que je ne connais pas ce magasin, et que je ne sais pas où sont les choses. Non, repose ça ! Qu’est-ce que j’ai dit ? Repose ça TOUT DE SUITE! Et toi aussi! On ne joue pas avec la nourriture. Non, on ne va pas acheter ces trois ananas. (A Gnome numéro 2): Où as-tu trouvé ça? Nous n’avons pas besoin de nourriture pour chien non plus. Non, on ne va pas acheter de chien. Si vous n’arrêtez pas, je vais… Gnome numéro 2 (interrompant maman): Je veux porter mon panier ! Maman: C’est trop lourd pour toi, maintenant. Je le porte and tu peux mettre les choses dedans pour m’aider, d’accord ? Gnome numéro 2 (en pleurant) : Non, je VEUX porter mon panier. Maman (en soupirant): OK, tu m’aides à le porter, alors. Où est ton frère, maintenant ? Gnome numéro 2 (en pleurant de plus belle): TU as perdu mon frèèère !!!! Gnome numéro 1, en percutant un jeune client, manifestement sans enfants: Je suis lààààààà !!! Maman au client: Je suis désolée, vraiment. Ils sont un peu fatigués. Minute 38: Le jeune client décide de ne pas avoir d’enfants. Minutes 39-45 Maman: OK, nous allons payer et ensuite nous irons à la maison (à moins que maman ne fasse une crise de nerfs avant). Vous ne touchez rien pendant qu’on attend, vous m’avez comprise? Gnome numéro 2: Pourquoi il a des bonbons et pas moi? Maman: Des bonbons?! Repose ça immédiatement! Le jeune client quitte la file et ajoute des préservatifs dans son panier. Minutes 46-53 Maman: Habillons-nous, il fait très froid dehors. Où est ton 2ème gant ? Gnome numéro 1: Il est tombé quand nous sommes entrés dans le magasin. Maman (au bord des larmes): Pourquoi tu n’as rien dit? Tu sais où il est ? Il est tombé où ? Gnome numéro 2: Je sais pas…Près de quelque chose de vert. Ou rouge. Minutes 54-60: maman cherche le gant, suivie des Gnomes, et le trouve. Les minutes 61 à 70 sont consacrées à habiller les Gnomes. Dès que Gnome numéro 1 est prêt, il décrète qu’il a trop chaud et se met à pleurer.

Minutes 71-85: La Grande Marche Minute 72 Gnome numéro 2: Je suis trop fatigué pour marcher. Tu me portes, maman, stp ? Maman: Non, désolée Petit Loup, je ne peux pas car mon sac est très lourd maintenant. Mais c’est n’est pas loin et tu es un grand garçon, maintenant. Gnome numéro 1: Je suis aussi fatigué! Tu DOIS nous porter, tu es notre MA-MAN !!! Maman (sèchement): Pas question, vous marchez et c’est tout! Minutes 73-78: Les Gnomes crient et pleurent, mais avancent. Maman pense à immigrer aux Bahamas. Minute 79 Gnome numéro 2: Je ne veux pas ces gants! Maman: Il faut des gants, il fait -20°C. Gnome numéro 2, en enlevant un gant: Non, je ne le veux pas. Maman, tout en posant son sac encombrant sur le sol: Il fait froid. Je remets ton gant et tu le laisses. Tes doigts pourraient geler! Tu as compris? Minute 80 Gnome numéro 2, en jetant le gant sur le sol: Non, je ne veux PAAAAAS ! Maman, très agacée, en remettant le gant une fois de plus: Tu dois porter des gants, ce n’est pas négociable. Ne l’enlève plus, tu m’entends? Minute 83 Gnome numéro 2, en enlevant son gant, puis en marchant dessus: Nooooon!!! Maman, dont les nerfs lâchent: Très bien, ça m’est égal, tes doigts peuvent geler ! Gnome numéro 1, en pleurant bruyamment: Non, maman, non, ses doigts vont geler. S’il te plaît, maman, fais quelque chose !!! Les minutes 83 à 85 sont consacrées à traîner les Gnomes hurlant à l’intérieur de la maison, tout en remarquant du coin de l’œil les rideaux des voisins qui bougent afin de les laisser profiter du spectacle. Plus tard ce jour-là, alors que les Gnomes dormaient et que je cherchais un aller-simple pour l’Amérique du Sud, j’ai soudain réalisé qu’il y a des baby-sitters ET des taxis à Toronto. Gnome numéro 2 a toujours 10 doigts.

  Précision suisse

Nos Gnomes sont incroyablement mignons, bien éduqués et intelligents. C’est du moins ce qu’on nous a dit à la clinique à leur naissance. Lorsque nous avons réalisé que les produits ne correspondaient pas en tous points à la publicité, il était trop tard pour procéder à un échange standard. Mais je suis forcée d’admettre qu’ils sont extrêmement bien coordonnés. Il y a quelques semaines, Gnome Numéro 1 est rentré de l’école avec un billet de sa maîtresse remplaçante. Il y était exigé que ses deux parents le signent d’ici au lendemain (tout le monde sait que les parents ne parlent jamais de leurs enfants ensemble, que les familles monoparentales n’existent pas, et que les mamans et papas ne sont jamais absents de la maison pour quelques jours pour des raisons professionnelles). Ledit billet spécifiait donc que Gnome Numéro 1 avait tenté de couper les habits de sa maîtresse avec des ciseaux, ainsi que de la frapper (le petit mot ne précisait cependant pas si ces deux actions ont été simultanées, ou si notre Gnome est devenu plus créatif au fil des heures). Le MEME jour, Gnome Numéro 2 est rentré plus tôt de sa crèche car il se sentait mal. Je l’ai donc envoyé au lit, pour l’entendre me dire 20 minutes plus tard qu’il se sentait à présent complètement rétabli. Après un interrogatoire des plus serrés que seule une maman peut mener à bien, il a fini par avouer qu’il n’avait simplement pas envie d’aller à son cours de natation. Nous élevons des terroristes, et sur le moment je n’ai même pas pu partager la nouvelle avec l’Homme, qui s’était joyeusement lancé dans une garde de 24H dont les hôpitaux canadiens ont le secret. PS Selon la 2ème enseignante de Gnome Numéro 1, qui a assisté à la scène, l’épisode des ciseaux n’était pas aussi tragique que décrit par la remplaçante, et nous devrions attendre avant de lancer notre propre émission de télé-réalité. Il semble qu’une journée entière avec 26 enfants de 5 et 6 ans peut vraiment mettre les nerfs de certains adultes à fleur de peau… Quant à Gnome Numéro 2, pas encore 4 ans, il est simplement décrit par ses éducatrices, qui ont eu l’outrecuidance de rire de l’histoire, comme « extrêmement malin et précoce ». Je me réjouis déjà des 10 prochaines années.

It has been lovely but I have to scream now

Avoska (au cas où)

Toronto est si internationale que j’aurais dû m’attendre à également me frotter à ses côtés communistes. Aussi bizarre que cela puisse paraître, les magasins canadiens de chaussures ici ne se réapprovisionnent pas en hiver. Or, en janvier dernier, les pieds de Gnome Numéro 2 ont subitement décidé que toute la soupe ingurgitée par leur propriétaire devait servir à quelque chose. Début février, je me suis donc retrouvée, par une température extérieure d’environ -15 degrés, à contempler des étagères remplies de sandales, chaussures d’été ou talons aiguilles. Gnome Numéro 2 ne pouvant faire plus de 3 pas sans se cogner à un arbre / autre enfant /meuble (cochez la bonne case), l’idée d’acquérir des escarpins a rapidement été abandonnée. De plus, Gnome Numéro 2 est un garçon. Shoes1 Nous avons finalement acheté des bottes d’hiver (en solde, s’il vous plaît) dans une station de ski quelques jours plus tard. L’hiver passé ayant été très rude, la ville a également connu une pénurie de a) sel b) grillades à l’extérieur c) cagoules pour enfants. Les Gnomes ont donc régulièrement emprunté celle de leur père, qui, fatigué d’y retrouver des substances verdâtres non-identifiées un peu plus souvent qu’à son tour, a décrété que cette année il ne la prêterait plus. En octobre nous avons acheté des vestes, gants, bonnets et cagoules. Il fait 3 degrés. Où est le polar vortex?

  Agnels et maravédis

Les Dieux ne pourvoyant décidément pas à tous nos besoins, il se trouve que nous devons payer un loyer dans notre nouvelle patrie. Contester le bien-fondé du principe ne nous étant jamais venu à l’esprit, c’est l’esprit léger que nous avons tenté de mettre en place un virement permanent. Erreur. Ce serait beaucoup trop simple. Après des essais réitérés sur internet via notre banque habituelle (de notre pays d’origine, qui mis à part le chocolat, est également relativement connu pour son système bancaire), de nombreux jurons, deux virements retournés, une centaine de francs perdus grâce aux aléas des taux de change, c’est en désespoir de cause que je me suis finalement adressée à notre banque locale (une des 5 plus grandes banques du Canada, s’il vous plaît), afin de les supplier de nous indiquer une solution. Après quelque minutes d’explications limpides comme l’eau de notre cher lac Léman de ma part, on m’a répondu sans hésiter qu’il suffit de chaque mois retirer la somme nécessaire en liquide, et l’apporter joyeusement à la banque de nos propriétaires afin de la déposer sur leur compte. Je tiens ici à m’excuser auprès du monsieur à qui j’ai répliqué d’un ton relativement vif que le système bancaire canadien est médiéval. J’imagine que ce n’est pas uniquement de sa faute. Nous sommes finalement parvenus à payer notre loyer (et nous n’avons toujours pas de virement permanent). Lorsque nos propriétaires nous ont avoué avoir eu toute les peines du monde à rapatrier l’argent sur leur compte, j’avoue avoir eu un sourire sardonique. Qui veut un compte en Suisse?

Invasions barbares

C’est avec peu d’armes et nettement plus de bagages que nous avons débarqué fin décembre au Canada, l’Homme, les Gnomes et moi-même. Pour répondre à la question que tout être sain d’esprit ne manquera pas de poser : nous sommes arrivés en plein hiver tout simplement car le contrat professionnel de l’Homme commençait début janvier, et non pas par amour du blizzard, des records de froid et des crevasses (aux mains mais cela s’applique aussi aux gros trous dans lesquels on ne souhaite pas tomber). Dans le taxi nous amenant de l’aéroport vers la ville, taraudée par quelques questions existentielles telle que l’état de ma santé mentale, j’ai sérieusement refréné l’envie de rechercher les meilleurs tarifs pour un retour vers notre home sweet home sans passer par le start (et si possible ni par la case prison non plus). Bercée par une météo clémente (-15 les BONS jours), les questions des Gnomes qui ne pipaient mot d’anglais, et l’humeur de dogue allemand croisé Tricératops de l’Homme en manque de sport et repères, janvier fut un mois dont on se rappelle avec nostalgie après. Beaucoup plus tard. Etant donné que laisser Gnome Numéro 1 (5 ans, toutes ses dents et capable de dégainer 126 questions à la minute) passer ses journées à l’école, en sachant parfaitement qu’il ne comprendrait rien, et Gnome Numéro 2 (« terrible twos » en passe d’’être remplacés par les « terrorist threes ») en pleurs tous les matins à la crèche pour cause de mal du pays avancé semblait trop facile, le ciel a décidé qu’il faudrait pimenter tout cela par un voyage d’affaires d’une semaine. Les Dieux ayant finalement décidé d’être cléments avec nous, la nounou recrutée par petites annonces et interviewée via Skype s’est avérée être une perle et s’est débrouillée comme une cheffe avec les Gnomes, dont le vocabulaire anglais s’étendait lentement, mais sûrement, après seulement 2 semaines. Merci!   4 little Swiss

2 thoughts on “Français

  1. On a tout lu.C’est génial, un vrai régal, très drôle. Ca pourrait même remplacer les meringues et la crème de Gruyère !

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